Prothèse biodégradable dans les sténoses oesophagiennes réfractaires bénignes (SORBE): résultats de l'observatoire de la SFED actualisés

Introduction:

Les sténoses oesophagiennes bénignes peuvent entraîner une dysphagie sévère et altérer la qualité de vie des patients avec une perte de poids importante. Le traitement de ces sténoses repose en première intention sur la dilatation endoscopique au ballonnet, qui peut s'avérer insuffisante ou être suivie d'une récidive précoce de la dysphagie. Au-delà de trois dilatations bien conduites, ces sténoses sont qualifiées de réfractaires. La chirurgie chez ces malades est complexe et risquée, les patients ont par conséquent peu d'options thérapeutiques. Les prothèses biodégradables SX-ELLA tressées en fil de suture chirurgical, disponibles depuis quelques années, permettent une dilatation prolongée durant 2 à 4 mois avant leur résorption spontanée et progressive.

Le but de notre étude était d'évaluer prospectivement l'efficacité des prothèses biodégradables (BD) chez les patients présentant une dysphagie sur sténose oesophagienne réfractaire bénigne (SORBE) dans le cadre d'un observatoire de la SFED.

Patients et Méthodes:

Tous les patients ayant bénéficié de la pose d'une prothèse BD SX-ELLA entre juin 2014 et aout 2017 dans le cadre d'une SORBE étaient inclus prospectivement dans cet observatoire. Les sténoses oesophagiennes étaient qualifiées de réfractaires après l'échec symptomatique d'au moins trois dilatations antérieures bien conduites jusqu'à 15 mm au ballonnet. La prothèse SX-ELLA est une prothèse en fil de suture résorbable, totalement biodégradable en 8 à 16 semaines, mesurant 25 mm de diamètre pour une longueur pouvant varier de 6 cm à 13.5 cm. Le degré de dysphagie était gradé de 1 à 4 pour tous les malades avant la pose de prothèse biodégradable selon le score d'Ogilvie et Atkinson et à un, 3 et 6 mois après la pose de la prothèse. Les complications précoces (< 7 jours) et tardives (> 7 jours) étaient notées. L'état nutritionnel des patients était relevé et suivi avec la mesure du poids et du taux d'albuminémie à un, 3 et 6 mois.

Résultats:

Trente malades ont été inclus dans l'étude. Les malades avaient bénéficié en moyenne de 3.6 dilatations avant la pose de la prothèse BD, et 11 malades avaient déjà bénéficié de la pose d'au moins une prothèse couverte transitoire. L'âge moyen était de 64 ans (39 – 87), 46% étaient des femmes. Il s'agissait de sténoses peptiques (60%), anastomotiques (26.7%), caustiques (10%), ou survenant après une mucosectomie circonférentielle (3.3%). Le taux de succès initial de la pose de prothèse BD sur la dysphagie était de 87% (26/30) avec un degré de dysphagie passant d'un grade 3.2 à un grade 1.1 en moyenne (p < 0.03). Les complications précoces étaient dominées par des douleurs dans 40% des cas, nécessitant des antalgiques de grade 3 chez 7 malades soit 23% des cas durant 8 jours en moyenne. Les autres complications comprenaient une hémorragie digestive non sévère traitée par Hémospray à J1 (3.3%), et une migration partielle précoce à J1 ayant nécessité le repositionnement de la prothèse BD en endoscopie sans anesthésie (3.3%). Les complications tardives comprenaient le développement d'un tissu d'hyperplasie muqueuse après la biodégradation de la prothèse chez 6 malades (20%), avec une sténose symptomatique chez 4 malades traités par prothèse couverte métallique. Une deuxième prothèse biodégradable a été insérée chez 7 malades (23.3%) à leur demande pour traiter la récidive des symptômes initiaux. Une amélioration significative de la dysphagie était retrouvée à 1 mois chez 87% des malades, à 3 mois chez 70%, à 6 mois chez 57%, et à 1 an chez 50%. Le suivi nutritionnel permettait d'observer une prise pondérale chez 60% des patients à 1 an. Le taux d'albumine sérique augmentait significativement à 1 an de 31 g/L à 42 g/L (p < 0.03).

Conclusion:

Le traitement par prothèse BD des sténoses oesophagiennes réfractaires bénignes améliore significativement la dysphagie dans 87% des cas à 1 mois. Les complications précoces sont dominées par les douleurs qui sont présentes dans 40% des cas. Le taux de migration complète des prothèses BD est de 0% sur 30 malades. Une complication fréquente (20%) est la survenue d'un tissu de granulation hyperplasique lors de la biodégradation de la prothèse. A 1 an, une amélioration significative de la dysphagie persiste chez 50% des malades. Le statut nutritionnel était significativement amélioré à 1 an.