Endoscopy 2013; 45 - A7401
DOI: 10.1055/s-0033-1336119

Efficacité des larges mucosectomies colorectale: analyse d'une cohorte de 220 résections chez 188 patients

H Nawfal 1, D Tougeron 1, M Wangermez 1, M Beauchant 1, C Monegier du Sorbier 1, F Charier 1, T Barrioz 1
  • 1Poitiers

Orateur: H Nawfal

Introduction:

L'exérèse des polypes adénomateux diminue le risque de cancer colorectal. Il persiste néanmoins un risque lié aux résections incomplètes ou aux polypes non détectés. La prise en charge optimale des lésions adénomateuses non polypoïdes est donc un enjeu important en endoscopie digestive. La faisabilité et l'efficacité de la mucosectomie est évaluée à travers les taux de complications et de récidives. L'analyse de ceux-ci, notamment en fonction de la morphologie de la lésion, pourrait optimiser la technique de résection. Le but de l'étude a été d'évaluer et d'analyser les taux de complications et récidives des larges mucosectomies colorectales.

Patients et Méthodes:

Il s'agit d'une analyse rétrospective des données d'une cohorte de patients ayant eu de janvier 2009 à octobre 2012, la résection d'une lésion sessile ou plane > 15 mm. Tous les examens ont été pratiqués avec un endoscope de haute définition, et analyse en coloration indigo carmin et virtuelle. Ont été exclues les lésions avec critères de non résécabilité endoscopique, les patients à risque très élevé de cancer colorectal (lésion sur maladie inflammatoire intestinale, HNPCC, polyposes héréditaires). Les lésions réséquées en plusieurs fragments étaient contrôlées à 6 mois, celle en monobloc à 3 ans. Les facteurs prédictifs d'hémorragie et de récidive ont été recherchés en analyse univariée et multivariée.

Résultats:

Au total, 188 patients ayant eu 220 mucosectomies colorectales ont été inclus. La taille moyenne des lésions était de 18,6 mm pour les résections en monobloc (n = 95, soit 43% des lésions) et de 32,1 mm pour les résections en «piece meal» (n = 125, 57% des cas). La majorité des lésions étaient au niveau du colon droit (50%) et au niveau du rectum (21%). Les tumeurs à extension latérale (LST) représentent 72% des lésions, principalement de morphologie granulaire (LST-G), de type 0-IIa (n = 111) ou IIa+Is (n = 41) selon la classification de Paris. 2,7% des lésions étaient des LST non granulaires (LST-NG) de type IIa+c. 28% des lésions étaient des Paris 0-Is (n = 36, 16%), 0-IIa (n = 21, 9,5%), 0-IIb (n = 3) et 0-IIc (n = 2). 77% des lésions étaient des adénomes en dysplasie de bas grade (n = 170), 13.5% en dysplasie de haut grade (n = 30), des adénocarcinomes intra-muqueux (n = 7) et adénocarcinomes avec une extension sous-muqueuse de moins de 1000 µm (n = 5). Une hémorragie est survenue pendant la procédure dans 12% des cas (n = 27), après la procédure dans 4,4% (n = 10), une perforation dans 0,9% (n = 2), toutes traitées endoscopiquement. La présence d'un adénocarcinome ou d'une prise d'anticoagulant est un facteur prédictif d'hémorragie (p = 0.015). Pour les 113 lésions réséquées en «piecemeal», 19 récidives au contrôle endoscopique (16,8%). Ces récidives étaient uniquement des lésions adénomateuses en dysplasie de bas grade. 79% des récidives (n = 15) ont été traitées par un nouveau traitement endoscopique, et 4 lésions ont nécessité une prise en charge chirurgicale. L'analyse univariée montre uniquement une association entre la récidive et la taille des lésions (p = 0.029).

Conclusion:

Grace à une technique et un suivi rigoureux, la mucosectomie de larges lésions colorectales est efficace dans 96,5%, avec un faible taux de récidive. Il s'agit d'une technique sûre avec de rares complications (5%) traitées endoscopiquement.

Structure: Endoscopie – imagerie