Endoscopy 2016; 48 - A000072fr
DOI: 10.1055/s-0036-1571445

Comparaison prospective randomisée multicentrique de la coloscopie à l'eau bleue et à l'air: étude Grand Bleu

A Lesne 1, O Rouquette 2, F Petit-Laurent 3, G Tourlonias 4, A Pasquion 1, J Rivory 1, G Aguero garcete 5, J Scanzi 2, S Chalumeau 3, C Chambon-Augoyard 1, D Moussata 6, F Leger-Nguyen 3, S Degeorges 7, M Chauvenet 1, T Fontanges 7, S Baubet 1, D Pere-verge 1, JC Souquet 1, JM Phelip 8, L Poincloux 2, S Poupon-Bourdy 1, S Touzet 1, L Magaud 1, T Ponchon 1, M Pioche 1
  • 1Lyon
  • 2Clermont-Ferrand
  • 3Villefranche-sur-Saône
  • 4Francheville
  • 5Asuncion, Paraguay
  • 6Tours
  • 7Bourgoin-Jallieu
  • 8Saint-Priest-en-Jarez

Résumé:

Introduction:

La coloscopie standard avec insufflation d'air est actuellement la technique de référence pour la détection des lésions colorectales. Le taux d'adénomes manques reste néanmoins, d'après les études menées sur le sujet, de 16 à 24%. De nouvelles techniques sont testées afin d'améliorer le taux de détection d'adénomes (TDA), et l'instillation d'eau au cours de la coloscopie, teintée ou non de bleu, a apporté des résultats prometteurs. Cette étude avait pour objectif de comparer la coloscopie avec instillation d'eau tiède teintée de bleu à la technique de référence en terme de TDA, à la recherche d'une amélioration.

Patients et Méthodes:

Cette étude comparative, prospective, randomisée et contrôlée, a été menée dans huit services de gastro entérologie de la région Rhône Alpes-Auvergne (au sein de 5 centres hospitalo-universitaires, 2hôpitaux périphériques, et 1 clinique). Les critères d'inclusion comprenaient les indications de coloscopie validées par la SFED mise à part les situations exclues suivantes: MICI, polypose adénomateuse familiale ou syndrome de Lynch, antécédent de colectomie, troubles de l'hémostase et großesse). Les patients ont bénéficié soit d'une coloscopie standard, soit d'une coloscopie à l'eau avec instillation d'eau tiède teintée d'indigo carmin dilué à 0.8/1000. Les lésions détectées ont été réséquées ou biopsiées, et envoyées pour analyse anatomo-pathologique afin de confirmer leur caractère adénomateux ou non. Le calcul d'effectif basé sur un bénéfice de 10% de TDA avec la coloscopie à l'eau bleue pour un taux de base de 30% à l'air, donnait 525 patients par bras (tenant compte des échecs 5%, des mauvaises préparations 2%, et des perdus de vue 5%).

Résultats:

1065 patients ont été inclus de Février 2013 à Août 2014. 983 (dont 514 hommes d'âge moyen 59.1 ans) ont bénéficié d'une coloscopie, réalisée par l'un des 17 endoscopistes expérimentés participant à l'étude. Le nombre de polypes détectés était respectivement de 677 et 880 avec la technique standard et la coloscopie à l'eau bleue (p = 0.002). Concernant le TDA, il n'a pas été observé de différence significative entre ces 2 techniques, avec respectivement 38.1 et 41.1% (p = 0.37). En revanche, le nombre moyen d'adénomes détectés par coloscopie était significativement augmenté avec l'instillation d'eau bleutée, passant de 0.649 avec la coloscopie standard, à 0.799 (p = 0.006), soit 1.23 fois plus élevé avec cette nouvelle technique. Pour l'ensemble des lésions d'intérêt (incluant les adénomes, et les lésions festonnées avec ou sans dysplasie), le nombre moyen de lésion par patient était respectivement de 0.678 et 0.839 avec la coloscopie à l'air et avec la coloscopie à l'eau bleue. Il existait d'importantes variations de TDA entre les différents opérateurs mais ceux ayant un TDA supérieurs à 40% avec l'air tirait bénéfice de la coloscopie à l'eau bleue. Cette dernière technique a permis la détection d'un nombre significativement plus important de petites lésions d'intérêt < 10 mm (p = 0.03). Pour les lésions de plus de 10 mm, les 2 techniques étaient équivalentes (p = 0.6). Aucune différence significative n'a été mise en évidence entre les 2 groupes concernant la localisation des lésions (p = 0.29). Le taux d'intubation caecale était similaire pour chaque groupe et supérieur à 98%, mais l'instillation d'eau bleue a allongé de manière significative la durée de montée passant de 7.9 min pour la coloscopie standard, à 11.9 min (p < 0.001). La durée de retrait était également allongée dans le groupe bleu (11.8 verus 10.7 min, p = 0.005) induisant un biais pour la détection. La tolérance globale était semblable dans les 2 groupes.

Conclusion:

L'amélioration du TDA par la coloscopie à l'eau bleue n'est pas significative. Dans cet étude cependant, le taux de détection obtenu avec la coloscopie à l'air était remarquablement haut à 38.1%. En revanche, elle permet de détecter plus de lésions d'intérêt (adénomes et lésions festonnées) par patient, en particulier de moins de 10 mm. Par contre, elle allonge considérablement la durée d'examen, sans entraîner de bénéfice sur la tolérance de la coloscopie. Il ne semble donc pas justifié d'envisager une modification des pratiques actuelles de coloscopie à l'air en population générale en faveur de cette technique. Pour les patients à haut risque chez qui il est peut être intéressant de trouver aussi les petites lésions, l'intérêt de cette technique pourrait être évalué face à la chromoendsocopie classique.

Remerciements, financements, autres:

AO Fare SNFGE 2014

PHRC inter régional Rhône Alpes Auvergne 2011 Prix de la ligue contre le cancer Pric ARC aide de Life Partners Europe pour l'indigo carmin.