Anastomose œso-gastrique endoscopique par prothèse d'apposition tissulaire: un pas vers un «Lewis Santy» hybride?

Résumé:

Introduction:

La prise en charge chirurgicale des pathologies tumorales de l'œsophage repose sur une oesophagectomie suivie d'une anastomose œsogastrique. Cette intervention présente une morbidité importante souvent liée à l'apparition de fistule anastomotique (9 à 12% des cas). Il est possible de réaliser des anastomoses gastrojéjunales de bonne qualité, grâce à l'utilisation de prothèse permettant une apposition tissulaire. Nous avons appliqué cette technique pour la réalisation d'anastomose œsogastrique endoscopique. Le but de notre travail a été de s'assurer de la faisabilité et de la sûreté de la réalisation d'une anastomose œsogastrique par technique hybride, chirurgicale et endoscopique, en utilisant une prothèse trans-luminale d'apposition tissulaire.

Matériels et Méthodes:

Une étude prospective a été réalisée sur 6 cochons. L'intervention a été réalisée en 2 temps: (i) temps chirurgical pour l'oesogastrectomie par accès laparotomique avec suture séparée de l'œsophage et de l'estomac et tunnélisation de ce dernier, puis (ii) temps endoscopique pour la réintégration de l'estomac dans le médiastin puis la réalisation de l'anastomose œsogastrique avec utilisation d'une prothèse auto-expansive métallique couverte de type diabolo (Axios®). Deux premiers cochons ont permis l'évaluation de la faisabilité de la technique, et quatre autres ont permis l'étude de l'efficacité et de la sûreté de l'intervention avec un suivi de 3 semaines. Ces derniers ont bénéficié d'une antibioprophylaxie pendant 7 jours et d'une réalimentation à partir du troisième jour.

Résultats:

La procédure a été réalisée avec succès chez tous les animaux. Le temps moyen de réalisation a été de 90.6 minutes (entre 64 – 114 minutes), dont un temps endoscopique moyen de 44.2 minutes (entre 24 – 61 minutes). Un succès technique a été obtenu chez tous les animaux et ceux-ci étaient en vie à 3 semaines. Le poids moyen était de 31.22 kg avant l'intervention et de 24.55 kg à 3 semaines. A 3 semaines, l'autopsie a confirmé l'absence de migration de la prothèse et une bonne perméabilité de cette dernière, ainsi que l'absence de péritonite. L'anastomose était étanche, non sténosée, sans discontinuité ni désunion. L'analyse histologique a confirmé le rétablissement de la continuité des couches muqueuse et musculaire muqueuse.

Conclusion:

La réalisation d'une anastomose œsogastrique avec une prothèse d'apposition tissulaire est sûre, faisable et reproductible, sans fuite anastomotique, dans le cadre d'une approche hybride afin de diminuer la morbidité de l'oesophagectomie exclusivement chirurgicale.