Endoscopie digestive haute dans les villes moyennes du Burkina Faso: Etude analytique de 3556 examens

Introduction:

Dans un contexte noir africain de pauvreté généralisée, l'accessibilité de l'endoscopie digestive haute est encore plus réduite dans les villes moyennes. L'objectif de cette étude était de rapporter les principales pathologies retrouvées à l'endoscopie digestive haute dans les villes moyennes du Burkina Faso.

Patients et Méthodes:

Il s'agissait d'une étude rétrospective sur une période allant de juillet 2008 à juillet 2017 menée dans 3 centres de santé privés dans 3 villes moyennes du Burkina Faso. Les séances d'endoscopies étaient programmées de façon régulière et en fonction de la disponibilité des endoscopistes. Le rythme était mensuel pour la ville de Tenkodogo, bimensuel pour la ville de Koudougou, et hebdomadaire pour la ville de Ouahigouya. Les examens ont été réalisés par 3 endoscopistes confirmés assistés d'un aide endoscopiste.

Résultats:

Aspects épidémiologiques

Notre population totale était composée de 3556 patients dont 1933 de sexe féminin et 1619 de sexe masculin. Sex ratio à 0,83. L'âge moyen était de 41,2 ± 15,2 avec des extrêmes variant de 11 à 93 ans.

Les indications de l'endoscopie digestive haute

L'examen a été demandé pour des douleurs épigastriques chez 1867 patients soit 43,6%. Une histoire clinique évocatrice d'ulcère gastroduodénale a été retrouvé chez 601 patients soit 14% et une histoire évocatrice de reflux gastrooesophagien chez 289 patients soit 6,7%. Le tableau I regroupe les proportions des motifs de l'examen.

Les résultats des examens

Sur 3556 gastroscopies, 10,2% (soit 365) étaient strictement normales. Sur les 3191 gastroscopies pathologiques, un total de 6452 anomalies ont été reportées.

La pathologie oesophagienne

Elle représentait près de 60% (59,8%) de l'ensemble des anomalies objectivées.

Les oesophagites peptiques, tout grade confondus étaient retrouvées chez près de la moitié des patients (1733 patients soit 48,7%) et représentaient 26,9% de l'ensemble des anomalies visualisées. La hernie hiatale ou la malposition cardiotubérositaire était retrouvée chez 1303 patients soit 20,2% des anomalies. La mycose oesophagienne était retrouvée chez 325 patients et représentait 5% des pathologies observées. L'incontinence cardiale était présente dans 293 gastroscopies soit 4,5% des pathologies, les varices oesophagiennes tout stade confondue dans 164 fibroscopies soit 2,5% des anomalies. La pathologie tumorale de l'oesophage était rapportée dans 25 fibroscopies soit 0,3% des anomalies. Le tableau II regroupe les résultats des différents segments du tube digestif haut.

La pathologie gastrique

Elle représentait 29,6% de l'ensemble des anomalies observées.

Les lésions endoscopiques inflammatoires ou gastropathies étaient rapportées chez 1162 patients soit 18%, de l'ensemble des pathologies.

Le reflux biliaire duodénogastrique, définit par un lac muqueux verdâtre d'abondance variable était retrouvé dans 365 gastroscopies soit 5,5% des pathologies. L'ulcère gastrique était retrouvé dans 280 comptes rendus avec une prévalence de 4,2% des pathologies. Les anomalies de surface évocatrices de dysmitose étaient retrouvées chez 75 patients et représentaient 1,1% des pathologies.

La pathologie duodénale

La pathologie duodénale représentait 8,9% des anomalies. Elle est dominée par les ulcères bulbaires retrouvés chez 386 patients soit près de 6% des anomalies. Les anomalies de surface inflammatoire ou bulboduodénopathies ont été rapportées dans 165 endoscopies digestives hautes soit 2,5% des pathologies. La sténose bulbaire ulcéreuse ou tumorale était rapportées chez 10 patients soit 0,15% des anomalies.

Conclusion:

Il faut recourir à l'endoscopie digestive haute devant tout syndrôme douloureux abdominal chez l'adulte jeune africain.