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DOI: 10.1055/s-0034-1393424
Commentaire du travail de Van Doorn SC et al., pp. 1011
Publikationsverlauf
Publikationsdatum:
30. Oktober 2015 (online)
Commentaires: Nicolas Musquer, Gabriel Rahmi, Emmanuel Coron, Franck Chollet, Gilles Lesur
Ce travail est d’actualité pour les gastro-entérologues français puisque le test immunologique (TI) de dépistage du cancer du côlon a été lancé il y a 6 mois dans notre pays. D’autant plus que cette étude rétrospective multicentrique utilisait le même test que celui distribué actuellement en France (OC Sensor, Eiken Chemical Co., Japan).
Cette équipe hollandaise cherchait à savoir si les résultats de l’OC Sensor, autrement dit les valeurs quantitative, exprimées en μg d’Hb/g de selles, variaient en fonction du type histologique de la principale lésion qui était retrouvée en coloscopie. L’étude incluait 2 populations distinctes de patients à risque moyen: 877 patients en situation de dépistage par TI et 1256 autres patients asymptomatiques chez lesquels la coloscopie avait été proposée en première intention et pour lesquels un TI avait été réalisé avant la coloscopie.
Comme attendu, plus la lésion était avancée plus la valeur moyenne du TI était élevée. Les valeurs du TI étaient également significativement plus importantes pour le groupe adénocarcinome et adénomes avancés que pour le reste des lésions. De même, les patients avec un adénocarcinome présentaient une valeur de TI significativement plus élevé qu’en cas d’adénome avancé. En revanche, aucune différence n’était observée entre les valeurs du TI en cas d’adénome non avancé et en cas de coloscopie normale. Enfin, les valeurs de TI étaient significativement plus élevées en cas de polype de plus de 1 cm ou de polype pédiculé. Au total, même en l’absence de vraie étude de performance du test, on pourrait extrapoler que plus la valeur du TI est élevée plus le risque de découvrir une lésion avancée lors de la coloscopie est important.
A première vue, ces résultats sont sans surprise mais encore fallait-il le démontrer. L’absence de différence significative démontrée entre les valeurs du TI en cas de coloscopie normale et en cas d’adénome peut apparaître décevante puisqu’elle aurait permis d’envisager une augmentation de la spécificité du test tout en conservant sa bonne sensibilité. Néanmoins, il faut sans doute voir cette étude comme une incitation à une utilisation optimisée du test à l’avenir. Car en France à l’heure actuelle ce test reste sous-utilisé au vu de ses capacités quantitatives puisque seule une réponse binaire (positif ou négatif) lui est demandée. Imaginons alors les possibilités futures du TI si ses capacités quantitatives étaient réellement exploitées, par exemple en les combinant à d’autres variables (âge, sexe, valeurs antérieures de TI, …) afin d’en augmenter encore ses performances. Le dépistage de masse n’en deviendrait que plus personnalisé.