Evaluation prospective de la courbe d'apprentissage de la dissection sous muqueuse gastrique lors de sessions d'entrainement sur modèle porcin vivant

Introduction:

La dissection sous muqueuse (DSM), développée et maitrisée depuis longtemps dans les pays asiatiques, est la méthode de choix pour la résection monobloc de lésions tumorales superficielles. Les pays européens rattrapent petit à petit leur retard dans la maîtrise de cette technique. Les recommandations actuelles préconisent un apprentissage multi-étapes de la technique, dont une partie sur modèle animal. L'objectif de notre étude était d'évaluer prospectivement l'efficacité de sessions d'entrainement à la DSM gastrique sur un modèle de cochon vivant anesthésié.

Matériels et Méthodes:

Quatorze endoscopistes, non préalablement formés à la DSM, ont participé à trois sessions d'apprentissage de la DSM, pratiqués sur des cochons vivants anesthésiés. Chaque participant a réséqué cinq «lésions» factices qui étaient préalablement délimitées dans le fundus ou à la jonction antro-fundique par des points de coagulation. A la fin de chaque séance, l'estomac inspecté minutieusement à la recherche de perforation et les cochons étaient sacrifiés. La taille des lésions réséquées, la vitesse de dissection et le taux de complication a été évalué prospectivement au cours de ces sessions.

Résultats:

Soixante-dix procédures ont été réalisées, 58 ont pu être analysées. Toutes les «lésions» ont été réséquées «en bloc». La vitesse moyenne de procédure augmentait de manière significative avec le nombre de lésions réséquées passant de 10,1 mm2/min à 34,2mm2/min (p = 0,016). C'est à partir de la 3e séance de dissection que la marge de progression était maximale Les surfaces de lésions réséquées étaient significativement plus importantes au fur et à mesure des sessions. Il existait une relation significative entre la surface de la lésion réséquée et la vitesse de procédure p < 0.0001. Un taux global de complication de 8,6% a été noté, aucune n'est survenue lors des deux premières dissections. Il y avait une tendance à une augmentation du taux de complication entre les deux premières DSM (aucune complication) et les 3 suivantes (2hémorragies, 2 perforations macroscopiques, une brèche musculeuse) (p = 0.058).

Conclusion:

L'apport de sessions d'entrainement de la DSM sur modèle animal est clairement bénéfique, et la progression des endoscopistes est notable dès la 3e DSM, au prix d'une augmentation du taux de complication. Ces données valident le caractère indispensable de sessions dédiées, et font écho aux recommandations des sociétés savantes sur la nécessité d'un programme d'apprentissage multi-étapes de la DSM, comportant des sessions sur modèle animal.